Alphα et Ωmega

Alphα et Ωmega est la toute première œuvre que j’ai composée pour orchestre. Commencée en juin 2016 pendant mes révisions pour le bac avec les quelques notes énigmatiques du début, cette pièce qui a failli rester inachevée a finalement évolué jusqu’en 2021.
À l’histoire forte et engagée, et à la complexité technique et musicale, cette pièce imagée est l’aboutissement de longues réflexions et donnera très certainement du fil à retordre à ses futurs exécutants.
Présentation
Je tiens tout d’abord à remercier mon ami Guéric Cardet pour l’aide qu’il m’a apporté à l’écriture de cette présentation.
« Alphα et Ωmega » ou Du commencement à la fin des temps, tel est l’esprit de cette œuvre. Celle-ci s’ouvre sur une partie mystérieuse symbolisant le néant, une vacuité presque angoissante où rien n’existe, ni matière, ni vie. Très vite, les choses se corsent, ça bout, ça bouge, ça explose dans un énorme Big Bang cosmique et musical. L’Univers se dilate, les particules élémentaires sont constituées, puis rassemblées en atomes et en matières, avant de créer les étoiles et les galaxies. La Terre est alors une énorme boule de feu, ardente et invivable, qui finit par entrer en collision avec la protoplanète Théia qu’elle détruit, choc extrêmement violent qui donnera naissance à son satellite, la Lune. La Terre se refroidit ensuite, les océans se forment, créant les conditions d’apparition de la vie, qui évolue d’abord sous l’eau. Des millions d’années se passent, les transformations climatiques, biologiques, physiques se succèdent. Cette vie finit par s’extraire des flots, et s’aventure sur la terre ferme. Les plantes et les arbres majestueux entrent en scène et forment une nature luxuriante et variée. Ce thème évolutif de la vie se poursuit avec les ères du jurassique et du crétacé durant lesquelles abondent les créatures marines, terrestres ainsi qu’aériennes, furtives et agiles. Les imposants dinosaures dominent alors le monde, tels des souverains d’un autre temps. Cette mélodie et cette période d’abondance, de diversité des espèces s’achèvent brutalement avec la chute d’une gigantesque météorite.
Nous sommes alors il y a 65 millions d’années. La vie renaît de ses cendres, elle se reforme petit à petit, les oiseaux et les mammifères prennent leur forme définitive et essaiment sur la planète. Après un anéantissement quasi total de toute forme de vie sur Terre, la voilà plus diverse, plus variée, plus riche d’espèces toutes plus différentes les unes que les autres. Chacune hérite de caractéristiques, de qualités et de facultés qui lui sont propres. L’intelligence est confiée aux primates, habiles mais également sensibles et créatifs : l’Homo est né. Celui-ci s’améliore, se perfectionne et plus encore que de se changer lui-même, il devient en mesure d’analyser et d’apporter des modifications à son environnement. Le feu est découvert et maîtrisé, la technique se développe, puis l’art et enfin le langage. Ces trois bastions de la civilisation permettent la mise en place des premières sociétés qui subissent tout au long de leur histoire des bouleversements majeurs : l’Homme devient le maître du règne animal.
Les peuples se découvrent et s’affrontent afin de bénéficier des biens et de la souveraineté des vaincus. Ces affronts, toujours d’actualité, laissent une sorte d’inhumanité dans l’empreinte de l’Homme : il devient égoïste, cruel, et abruti par la violence (ainsi que violent par l’« abrutisme »). Les mémoires de ces batailles vaguent sur une suite d’accords enchaînés par les différents « peuples » de notre harmonie ; les espoirs renaissent. L’avancée scientifique permet la découverte de nombreux concepts comme l’électricité, la machine à vapeur ou encore certains traitements contre les maladies les plus incurables : nous voilà dans l’ère contemporaine du progrès.
Le morceau se conclut par la mémoire de cette vie sur notre planète. Vie disparue dans l’agonie d’une planète vieillissante et surexploitée. Les Hommes, grisés par le progrès et le profit, ne se sont pas rendus compte que la Nature et la Terre ne suivaient pas le rythme effréné de l’exploitation et de la surenchère. Oui, cette œuvre émet l’hypothèse d’une fin du monde dans le chaos et le retour du néant, représentée par une frénésie finale étourdissante. Cette œuvre célèbre en somme les évolutions et la richesse de la Vie sur Terre, la beauté du monde, la beauté des choses de leur création à leur perte. Elle invite à réfléchir sur la façon dont nous traitons notre planète aujourd’hui, la façon dont nos progrès deviennent des instruments de destruction, la façon dont nous anéantissons le produit de milliards d’années d’évolutions et de bouleversements par notre appétit et notre indifférence. Alors, si vous ne voulez pas que cette vie et ce monde ne soient plus qu’une mémoire, un souvenir, quelques notes suspendues telles celles qui closent le morceau, laissez-vous convaincre de la beauté de notre planète, de l’extrême chance que nous avons de vivre dessus et de la nécessité de la protéger, laissez-vous porter par le récit de la vie et de ses évolutions, du commencement à la fin des temps, laissez-vous tout simplement séduire par Alphα et Ωmega. « La vie est une chance parmi des milliards. »